Les obsessions d’Aymeric Caron (2024)

Montmartre, dimanche 23juin. Édouard Philippe fait un tour dans ce quartier du 18e arrondissem*nt de Paris pour soutenir Pierre-Yves Bournazel, candidat de la majorité présidentielle aux législatives. Il l'avait déjà fait il y a deux ans, en vain: en 2022, Bournazel perdson siège d'un cheveu face à Aymeric Caron, parachuté par la Nupes.

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Lecandidatet militant antispéciste repart au combat, cette fois sous la bannière du Nouveau Front populaire. En ce jour de campagne, Édouard Philippe et Pierre-Yves Bournazel tombentsur luidans un pub de Montmartre. Aymeric Caron, comme souvent, est en rogne. Il leur dit qu'il en a assez d'être sans cesse accusé d'antisémitisme. À l'extérieur du pub, les militants s'en moquent. «Bournazel, Bournazel!»crient-ilsdepuis le trottoir. «Il a beau représenter le Nouveau Front populaire, c'est bien moi qui suis populaire ici», fait remarquer Bournazel, implanté de longue date dans l'arrondissem*nt.

Aymeric Caron, à défaut d'être «populaire» selon Bournazel, est toutefois plus connu nationalement que lui. L'ex-député LFI est une star de la télé et des réseaux sociaux, qu'il abreuve de messages souvent provocateurs. Il ose tout, ou presque. Sa dernière saillie en date a provoqué une avalanche de réponses outrées.

Après le viold'une fillette juive à Courbevoie, Caron évite dans un premier temps de condamner l'acte (sauf en relayant un tweet de François Ruffin). Il préfère, dans une comparaison douteuse, le rapprocher d'un autre meurtre, celui d'Angela Rostas, une mère rom tuée en février en Haute-Savoie: «Ce crime raciste, personne n'en parle. Aucun “débat” sur les chaînes d'info», publie-t-il, le 19juin, sur X.

À LIRE AUSSI Cette gauche devenue antisémite par antiracismeAussitôt, plusieurs personnalitéss'offusquent de cette comparaison. Parmi celles-ci, la rabbine Delphine Horvilleur: «Une jeune fille est violée et, pendant ce temps, certains jugent bon d'allumer les feux de la compétition victimaire, sur le mode “y en a que pour eux!”… Résiduel, qu'on vous dit», s'étrangle la rabbine en référence au propos de Jean-Luc Mélenchonqui qualifiait il y a quelques jours l'antisémitisme en France de «résiduel».

Caron réplique dans l'instant: «Votre tweet est immonde. […] Que les choses soient claires si vous osiez en douter: je suis révulsé par le crime antisémite ignoble dont a été victime cette jeune fille de 12ans à Courbevoie.»

Madame @rabbidelphineH votre tweet est immonde. Vous rendez-vous compte du jeu malsain auquel vous vous prêtez?
Prétendre déduire de ma dénonciation d’un crime qu’il s’agirait d’un contrefeux pour en masquer un autre?
Que les choses soient claires si vous osiez en douter: je… https://t.co/MnmAX5Wh9J

— Aymeric Caron (@CaronAymericoff) June 19, 2024

Caron n'est pas homme à reculer. Ceux qui l'ont côtoyé décrivent un homme déterminé, qui ne démord jamais de ses positions etrefuse de lâcher son contradicteur. C'est cette attitude qui a plu à Laurent Ruquier lorsque, en 2012, il propose au journaliste, ancien grand reporter à iTélé (il a couvert la guerre au Kosovo et en Irak, notamment), d'être l'un de ses chroniqueurs pour On n'est pas couché. «Ses interviews sont de véritables interrogatoires, critique Alain Finkielkraut en2014dans Marianne. Il considère qu'il incarne la vérité et qu'il faut démasquer l'adversaire. C'est du robespierrisme journalistique!»

D'autres, anciens collègues journalistes (il a aussi travaillé pour Europe1et Direct 8), racontent un gros bosseur, un homme de convictions, mais aussiun solitaire doté d'un tempérament froid et parfois arrogant. «Le genre donneur de leçons, ayant réponse à tout, condescendant avec ses collègues féminines», se souvient, toujours dans Marianne, un confrère d'Europe 1.

À son côté, Brigitte Bardot fait pâle figure

Caron a ses marottes. Son premier combat est en faveur des animaux. L'ex-journaliste, né à Boulogne-sur-Mer, est offusqué qu'on lui colle l'image d'un bobo parisien élevé au quinoa. Il raconte que son amour des animaux est né dans sa jeunesse boulonnaise (il a grandi dans le même quartier populaire que le footballeur Franck Ribéry), qu'il est devenu végétarien adoet que ce combat ne l'a jamais quitté. Il écrit successivement No Steak, en 2013, Antispéciste, en 2016, et Vivant, en 2018. Il fonde alors Rev (Rassemblementdes écologistes pour le vivant), qu'il souhaite positionner comme un rival d'EELV.

Musicien, grand fan de tarot, il bataille contre la corrida et pour les animaux, tous les animaux. À son côté, Brigitte Bardot fait pâle figure: Caron se dit meurtri à l'idée d'écraser une mite et blessé s'il doit exterminer un moustique en train de le piquer, parce que le moustique qui pique est une femelle en quête de nourriture pour ses petit*. Il faut donc l'épargner, voire l'encenser.

Si ces saillies peuvent prêter à sourire, elles sont sans conséquencepolitique. Ce n'est pas le cas de ses prises de position sur des sujets graves, comme l'antisémitisme, le Hamas ou l'islam, autant de domaines où Caron se déchaîne. En 2013, donc avant son élection à l'Assemblée, il s'accroche sur le plateau d'On n'est pas couchéavec le réalisateur Alexandre Arcady, puis avec Bernard-Henri Lévy. À chaque fois, ses accusateurs lui imputent des propos ambigus sur les Juifs et la Palestine, ce que Caron nie farouchement (le passage avec Arcady a été coupé au montage).

Un an plus tard, il s'élève contre le traitement médiatique de l'affaire Halimi, un jeune homme torturé par le gang des barbares jusqu'à la mort. Par un étonnant renversem*nt, Caron déplace cette horreur sur le terrain d'une supposée islamophobie «Les musulmans sont victimes d'une espèce de haine qui grandit à leur égard à cause d'affaires comme celle-là», dit-il sur France 2, le 5mai 2014.

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Sa défense quasi obsessionnelle de la cause palestinienne s'épanouit après les attaques contre Israël, le 7octobre. Il dénigre, en mai, la chroniqueuse Sophia Aramqui est intervenue lors de la soirée des Molières pour fustiger ceux qui nient le caractère terroriste du Hamas. «Aucune impertinence, aucun courage chez Sophia Aram. […] Elle a pris en otage la scène pour dénoncer, une fois de plus, celles et ceux qui s'engagent contre le génocide en cours.»

À l'assemblée, il fait feu de tout bois. Caron, qui décidément ne lâche jamais rien, organise le 29mai une projection au Palais-Bourbon d'images tournées à Gazamontrant les conditions de vie des habitants sous les bombes. Le film vise à répondre à la projection, quelques mois plus tôt, d'une vidéo exposant l'attaque terroriste du 7octobre. Mais, cette fois, seuleune quinzaine de députés y assistent. «C'est bouleversant de voir ces images, réagit le député RN Julien Odoul. Mais entre ce qui s'est passé le 7octobre et ce que vit le peuple palestinien depuis, il n'y a qu'un seul responsable qui était cruellement absent de ces images, c'est le Hamas.»

Le caractère terroriste ou non du Hamas? Une polémique «stérile»

Aymeric Caron se fait encore remarquer début juin.Il retweete un message assez peu compréhensible et très ambigu de Jean-Pierre Mignard. L'avocat, proche du PS, évoqueau sujet des analystes et commentateurs du conflit à Gazaceux qui ont «le sentiment d'appartenir à l'espèce humaine et les autres». En réponse, là encore, à la rabbine Delphine Horvilleur, Caron écrit sur X: «Je disais mon accord avec sa formule“nous n'appartenons pas toutes et tous à la même espèce humaine”. […] Mon propos ne vise nullement les Israéliens ou les Juifs, mais celles et ceux qui n'ont aucun mot de compassion pour les 15000 enfants massacrés par l'armée israélienne depuis septmois à Gaza ou, ce qui est encore plus révoltant, qui justifient ces meurtres.»

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Visiblement, les moustiques femelles ont droit à plus de considération,dans l'esprit d'Aymeric Caron, que les humains qui osent souligner la responsabilité du Hamas dans le conflit en cours à Gaza. Faut-il, d'ailleurs, passer tantde temps à s'empailler sur le caractère terroriste ou non des attaques du 7octobre? Une polémique «stérile», dit en octobre Caron, ne souhaitant pas se «focaliser sur la dénomination qu'on doit accorder au Hamas».

Défense de l'abaya

La Palestine n'est pas la seule obsession de l'ex-député LFI. Il défend les séparatistes prorusses du Donbass – ne défendent-ils pas des «territoires disputés»?comme il le dit en mars à France5–, épargne la Russie – «Face à une nation qui a vaincu les nazis et Napoléon […], on négocie, on est obligés» – et défend l'abaya: «Je ne suis pas au courant d'une stratégie des islamistes pour infiltrer l'école publique au travers de l'abaya, dit-il en août dernier sur BFMTV. D'ailleurs, ce n'est qu'un «vêtement culturel et non religieux», ajoute-t-il, tout en reconnaissant que certaines personnes lui donnent «une connotation religieuse». Mais un vêtement, même singulier, doit-il inquiéter à ce point la société? Il l'avoue d'ailleurs sur BFM: «Moi, je mettais des bandanas.»

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